ENJO-KÔSAI MONOGATARI: SHITAGARU ONNATACHI, aka Kaeru no uta, aka Frog Song
援助交際物語 したがるオンナたち
Année : 2005
Genre : les jolies cuisses de grenouille
Production : Kokuei / Shintoho
Réalisation : Imaoka Shinji
Avec : Konatsu, Hirasawa Rinako, Yoshioka Mutsuo, Itô Takeshi, Kawase Yôta, Nanase Kurumi
Régulièrement trompée par son petit ami, Akemi trouve refuge dans les mangas. Un soir, dans un mangakissa, elle fait la connaissance de Kyoko, une jeune femme qui vend son corps pour quelques billets de 10.000 yens. Si tout semble opposer Kyoko et Akemi, leur passion pour les mangas et leurs nombreuses désillusions vont les rapprocher… pour le meilleur et pour le pire ?
FROG SONG est originellement sorti sous le titre ENJO-KÔSAI MONOGATARI: SHITAGARU ONNATACHI – faisant référence au phénomène des « rendez-vous récompensés » durant lesquels de très jeunes filles se prostituent avec des hommes plus âgés. L’affiche du film était également différente, à l’époque de la sortie dans les salles de cinéma rose, en 2005 (c’est l’affiche utilisée pour illustrer cette chronique). Banale et un brin vulgaire, elle ne laissait rien transparaitre du film – sinon que l’on pouvait y voir des jeunes actrices nues, certes.
Je ne connais pas l’histoire de la production du film de Imaoka Shinji, mais on peut légitimement penser que ce dernier a été obligé de faire des concessions pour respecter le cahier des charges des films érotiques japonais – dont le design du poster précité. Et c’est un peu injuste, tant le film en question va bien au-delà du simple pinku. FROG SONG ne se contente pas d’aligner les scènes de sexe (présentes, certes, mais pas tant que cela) et livre au contraire un portrait sans concession de deux jeunes femmes un peu perdues, pour des raisons diamétralement opposées.
La première (Kyoko) se prostitue et semble avoir perdu toute illusion, et la seconde (Akemi), plus équilibrée, déprime depuis qu’elle a rompu avec son coureur de petit ami. À partir de ce simple canevas, Imaoka Shinji tisse une intrigue passionnante, émoustillante et touchante. Kyoko pousse-t-elle Akemi à la prostitution pour la ramener à son niveau (qu’elle estime très bas), au point de chercher à coucher avec son petit ami et ainsi s’offrir l’illusion d’une vie « normale », même si c’est juste l’espace d’un orgasme ? Ou bien, au contraire, tente-t-elle de la sauver en l’émancipant des griffes d’une vie de couple aliénante et principalement basée sur le mensonge ?
Avec FROG SONG, Imaoka Shinji prouve à la fois qu’il est l’un des maîtres incontestés du cinéma au féminin, et qu’il sait aussi varier ses approches afin de plonger au sein de la psyché galopante de ces femmes qui se cherchent encore une place dans un monde d’hommes : du mutisme de TAMAMONO, Imaoka Shinji passe ici aux bavardages entre Kyoko et Akemi, avec en prime une touche d’humour là où on ne l’attend pas toujours. Imaoka Shinji sait définitivement tout faire. Et pas seulement l’amour.
Trailer :
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Quick Review in English:
+ Imaoka at his best, in a style quite different from TAMAMONO, for instance
+ It’s not « just » a pinku eiga, it’s a great movie about two young women’s disappointments
+ Unexpected humour sometimes come from unexpected scenes
+ The Frog Song and the Frog Dance!
– It may looks cheap for some spectators