HASAMI OTOKO, aka The Man Behind the Scissors
ハサミ男
Année : 2005
Genre : avoir la lame bien pendue
Production : Toho / Kobi Co. / TFC
Réalisation : Ikeda Toshiharu
Avec : Toyokawa Etsushi, Asô Kumiko, Abe Hiroshi, Higuchi Kôji, Ishimaru Kenjirô, Niki Terumi, Ono Miyuki, Saitô Ayumu, Sakata Mizuho, Terada Minori
Chika, qui semble dépressive au point de chercher régulièrement à s’ôter la vie, a de plus en plus de mal à supporter les meurtres du tueur aux ciseaux… un homme avec lequel elle vit et qui, pour une raison inexpliquée, la force à assister à tous ses méfaits. Ses victimes sont généralement de belles lycéennes, au passé douteux. Chika est chargée de trouver les profils qui conviendraient au tueur.
Un soir, alors qu’ils étaient en repérage pour visualiser le domicile d’une nouvelle jeune fille, ils sont pris de court et tombent sur le cadavre de l’intéressée, des ciseaux enfoncés dans la gorge. Quelqu’un se serait-il mis en tête de copier le travail méticuleux du tueur aux ciseaux ?
Dépassée par ce nouveau meurtre, la police va faire appel aux services d’un profiler.
HASAMI OTOKO est une œuvre de fin de carrière pour Ikeda Toshiharu. L’intéressé décédera en effet cinq années plus tard. Il ne s’agit pas d’un détail gratuit ou morbide, tant on peut sentir poindre çà et là une certaine idée du mal-être du réalisateur dans son film – bon oui, c’est un peu morbide en fait. Il faut en effet savoir que Ikeda Toshiharu est mort dans des circonstances assez étranges puisqu’il fut retrouvé noyé en plein hiver dans la mer, à Ise – Mie (l’endroit qui servit au tournage de NINGYO DENSETSU). Une manière de mettre fin à ses jours dont il avait déjà parlé, dans le passé. Ikeda traversait effectivement une période difficile (une dépression ?) et des problèmes financiers ajoutés à un producteur qui ne lui paie pas le salaire dû ont pu le pousser à partir de cette manière (avant de disparaitre, Ikeda téléphona a un ami afin que celui-ci lui prête 30.000 yens – une broutille). On ne saura jamais la vérité, mais les tourments du personnage principal masculin de HASAMI OTOKO (qui parle de suicide, de dettes, etc.) semblent répondre comme un trouble écho à la triste réalité. Un sentiment de malaise s’installe alors, lorsque l’on visionne certaines scènes de HASAMI OTOKO – un peu comme à l’époque d’INNER SENSES, petit film d’horreur HK sorti en 2002, au cours duquel Leslie Cheung parle de suicide, et où il manque de se jeter dans le vide depuis le toit d’un immeuble… Comme si la vie réelle, bien plus horrible car palpable et quotidienne, imprégnait la pellicule fantasmée de son implacable vérité.
Le film en lui-même, est sacrément bancal. Il est d’ailleurs basé dans son entier sur un twist moisi, que l’on sent venir de tellement loin que la démarche maladroite du réalisateur ne peut être que volontaire – si ce n’est pas le cas, c’est juste ridicule. Ma théorie : le twist éculé en question est avant tout présent pour camoufler le véritable retournement du film. Ce qui, au fond, est plutôt bien joué. HASAMI OTOKO distille alors une atmosphère froide, presque clinique. La violence d’ailleurs, est le plus souvent aseptisée, hors-champ. Glaciale. Comme ces victimes délicatement couchées sur le sol à la manière de personnes allongées sur un lit d’hôpital. Ou dans une morgue. Le meurtrier ne porte pas des gants chirurgicaux pour rien…
L’ambiance est donc l’atout maître de HASAMI OTOKO – avec le casting, les jolis plans imaginés par Ikeda Toshiharu et la petite musique lancinante mais particulièrement bien trouvée. On se pose aussi pas mal de questions (qui est le copycat ?) et quelques détails sublimes frappent au moment où l’on s’y attend le moins (la révélation sur la raison du fou rire de la lycéenne à la triste réputation). Difficile, donc, de ne pas se prendre au jeu de ce thriller pas tout à fait comme les autres, où l’héroïne passe le plus clair de son temps à faire des tentatives de suicide – chacun son truc ! La gravité de l’intrigue et la beauté froide des images sont toutefois mises à mal par la touche légèrement comique (ou incongrue ?) insufflée par le jeune flic hyperactif qui surjoue mais aussi par un final qui n’en finit pas… de finir. Une grosse faute de goût, à mon sens. Avec sa grosse paire de ciseaux, Ikeda était pourtant bien armé pour découper plus intelligemment tout ça…
Trailer :
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Quick Review in English:
+ Intersting thriller with a weird, heavy and cold atmopshere
+ Good casting for the two main characters
+ Good soundtrack, mysterious music
+ Beautiful scenes, thanks to Ikeda
+ An obvious twist, but I think it’s done on purpose (a trick)…
– … well if it’s not on purpose, it’s ridiculous
– The policemen are too smart or too stupid
– The young policeman brings a quirky side, a touch of comedy: syntax error!
– The ending never ends…