KIDAN HYAKKEI
鬼談百景
Année : 2016
Genre : voyage damné en omnibus
Production : Happynet / Amemo98 / Studio View
Réalisation : Nakamura Yoshihiro, Asato Mari, Ohata Hajime, Iwasawa Hiroki, Naitô Eisuke, Shiraishi Kôji
Avec : Takeuchi Yûko, Fujimoto Izumi, Okayama Amane, Morisaki Win, Yoshikura Aoi, Nagai Mijika, Miura Tôko, Hosokawa Yoshitaka, Nishiyama Maki, Negishi Toshie, Yamada Kinuwo, Kubota Sayu, Tamura Taijirô, Megane Tarô, Ono Takahiro, Nomura Shûichi, Takao Yûji, Ishiga Kazuki, Tanii Yûki, Fuchigami Yasushi, Yashiki Hiroko, Nakahara Kazuhiro, Ozawa Akari, Takada Riho, Kayano, Higa Rino, Ishikawa Ayako, Wachi Tsukasa, Hagiwara Minori, Kobashi Megumi, Nishida Kaoru
追い越し. Réalisé par Nakamura Yoshihiro.
Quatre jeunes, passionnés de kaidan, décident de visiter certains lieux célèbres et prétendument hantés (un vieux bâtiment, un tunnel…). Sur le chemin du retour, et tandis qu’ils roulent en pleine nuit sur une route de campagne, ils croisent une étrange femme, aux longs cheveux noirs, qui marche pieds nus sur le bord de la route.
影男. Réalisé par Asato Mari.
Tandis que sa fille travaille, une grand-mère surveille ses deux petits-fils… et s’endort à leurs côtés. Elle est alors réveillée avec fracas. Un bruit énorme, et répété. Comme si quelqu’un frappait avec force sur la porte ou sur l’une des fenêtres de la maison.
尾けてくる . Réalisé par Asato Mari.
Une lycéenne rentre tranquillement chez elle, lorsqu’elle surprend un homme au regard particulièrement étrange… qui la fixe.
一緒に見ていた. Réalisé par Ohata Hajime.
Une jeune professeure se suicide par pendaison. L’un de ses collègues, qui semble cacher quelque chose, doit rester près du corps en attendant l’arrivée de l’ambulance.
赤い女. Réalisé par Ohata Hajime.
Une légende urbaine fait fureur dans les lycées : quiconque raconterait la triste histoire de « la femme rouge », terrible spectre aux hauts talons particulièrement bruyants, provoquerait l’ire de l’intéressée.
空きチャンネル. Réalisé par Iwasawa Hiroki.
Un lycéen ne reconnait plus son camarade de classe. Depuis que ce dernier écoute régulièrement une station non référencée à la radio, son comportement a changé du tout au tout. Une station, vraiment ? Il s’agit, en réalité, du monologue haineux d’une femme qui éructe, constamment.
どこの子. Réalisé par Iwasawa Hiroki.
Un nouveau prof fait pour la première fois des heures supplémentaires dans son lycée. Il va entendre des bruits étranges, dans plusieurs salles de classe… sans toutefois parvenir à mettre la main sur le responsable de ces désordres.
続きをしよう . Réalisé par Naitô Eisuke.
Un petit groupe d’enfants se lance un défi : jouer dans un lieu sacré, un cimetière. Très rapidement, un premier enfant va se blesser, puis quitter ses petits camarades. Ceux-ci vont malgré tout décider de continuer à jouer et à piétiner les pierres tombales… Jusqu’à ce qu’un deuxième accident survienne.
どろぼう. Réalisé par Naitô Eisuke.
Dans cette petite banlieue, tout le monde se connait. Une voisine garde néanmoins une grande part de mystère. Le ventre gonflé, visiblement enceinte, celle-ci prétend pourtant avoir simplement grossi pour, quelques jours plus tard, justifier sa taille de guêpe toute fraîche par une simple cure d’amaigrissement.
密閉 . Réalisé par Shiraishi Kôji.
Alors qu’elle vient de rompre, une jeune femme se retrouve seule chez elle, avec sur les bras encore quelques affaires laissées sur place par son ex. Elle ne le remarque pas tout de suite, mais le placard de sa chambre semble s’entrouvrir régulièrement. Sans que personne ne le touche…
Pour accompagner la sortie de l’excellent ZANGE – SUNDE WA IKENAI HEYA, les producteurs ont décidé de proposer un omnibus de courts métrages horrifiques, intitulé KIDAN HYAKKEI. Déjà vu me direz-vous… Certes, sauf qu’en l’occurrence cet omnibus s’imbrique parfaitement dans le monde décrit dans SUNDE WA IKENAI HEYA. Tout d’abord, tout est tiré des œuvres d’un seul et même auteur : Ono Fuyumi. Ensuite, la narratrice de l’omnibus, qui introduit chacune des histoires en précisant qu’il s’agit d’une lettre qu’elle a reçue, n’est autre que Takeuchi Yûko – elle incarne en fait le même personnage que dans SUNDE WA IKENAI HEYA : une écrivaine d’histoires horrifiques à succès qui base ses écrits sur des histoires vraies, relatées par des Japonais lambdas qui la contactent le plus souvent par courrier. Prolonger « l’univers » conté dans SUNDE WA IKENAI HEYA est définitivement une idée lumineuse – pourtant nimbée dans les ombres et les limbes des désordres urbains, de la folie humaine et des légendes urbaines.
KIDAN HYAKKEI, c’est au total dix courts métrages de bonne, voire de très bonne facture. On devine un certain budget derrière ce projet et, si le casting n’est pas de tout premier plan, c’est en réalité un mal pour un bien puisque cela nous permet d’éviter des actrices monocordes de la trempe de Ayase Haruka ou Ishihara Satomi, et des idoles imbuvables d’AKB48 ou assimilées. De plus, les réalisateurs choisis pour mettre en mouvement cet omnibus sont, pour la plupart, à la fois des habitués du genre mais aussi de bons techniciens : Ohata Hajime (HENGE), Asato Mari (ZERO), Nakamura Yoshihiro (SUNDE WA IKENAI HEYA), Naitô Eisuke (PUZZLE), ou encore et surtout mon chouchou de toujours, le technicien de l’impossible qu’on ne présente plus sur échec et (ciné)mat, oui je veux bien évidemment parler de Shiraishi Kôji !
Les dix courts métrages jouent la carte de l’originalité (relative, parfois) puisque ici il ne sera jamais question d’une légende célèbre (Kuchisake onna par exemple) ou d’un yôkai bien connu. Un choix qui s’explique par une volonté de rendre hommage à l’art du kaidan : l’histoire vraie et horrifique qui navigue de bouche à oreille, de chuchotements à gémissements. Si certaines des anecdotes contées dans KIDAN HYAKKEI frôlent le grotesque assumé (et généralement très digeste), la plupart jouent la carte du kaidan pur et dur : ambiance pesante voire terrifiante, atmosphère nimbée de mystère, petits jumpscares et chute finale dont certains protagonistes ne se relèveront pas.
Les réalisateurs et la réalisatrice qui se succèdent sur KIDAN HYAKKEI ont, tous, su tirer leur épingle du jeu. L’intro de Nakamura est fichtrement sympathique et constitue un véritable clin d’œil aux « chasseurs de kaidan » (quatre jeunes fans de Kaidan qui visitent une maison abandonnée, un tunnel prétendument hanté…), quand la deuxième histoire vient donner véritablement le ton : Asato Mari y signe en effet un court métrage dérangeant, assez effrayant et qui se permet de faire douter le spectateur (rêve, réalité, cauchemar ?). Le troisième chapitre, toujours réalisé par Asato Mari, se veut plus classique (le fantôme d’un suicidé…) mais néanmoins particulièrement bien ficelé – notamment le plan final.
Les suites seront du même acabit : une étrange suicidée dans une école, l’effrayante légende urbaine de « la femme rouge » (accrochez-vous !), la voix d’une femme qui éructe de colère à la radio (un petit côté Cronenberg/Tsukamoto ?), les incroyables jeux d’enfants (et de massacre ?!) dans un cimetière (avec là encore une fin excellente), ou encore cette histoire très dérangeante, et pourtant la moins impressionnante de l’omnibus visuellement parlant, à propos de cette femme au ventre énorme et qui parait donc enceinte, mais qui comme par enchantement retrouve sa taille du guêpe du jour au lendemain… Ses voisins s’en méfient. Pourrait-elle piquer ? Les amateurs éclairés pourraient voir, dans ce segment réalisé par Naitô Eisuke, un clin d’œil morbide à SENSEI WO RYÛZAN SASERU-KAI, son propre film – qui a d’ailleurs révélé ce technicien dans le monde entier.
KIDAN HYAKKEI se conclue alors sur le court métrage saigné Shiraishi Kôji. Alors que l’on pouvait s’attendre à ce qu’un petit vent de folie se mette à souffler sur les braises de l’horreur, il n’en a rien été. Ce chapitre final est en réalité très classique (un placard dans l’appartement d’une jeune femme s’entrouvre constamment) mais fort heureusement parfaitement exécuté. On passe un excellent moment.
KIDAN HYAKKEI prolonge donc avec brio le plaisir dérangé/dérangeant ressenti devant l’excellent film ZANGE – SUNDE WA IKENAI HEYA. Une ode aux kaidan. Pour les fans.
Oli :
Yasuko :
Trailer :
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Quick Review in English:
+ What a good idea: the character of ZANGE (good movie!) tells us about kaidan stories
+ No famous legends or yôkai: some stories are really original
+ Good directors: Shiraishi, Asato Mari, Ohata Hajime, Naitô Eisuke…
+ Good budget I guess
+ Not a very famous casting but who cares? Good actors and actresses, that’s enough
+ Sometimes grotesque (but it’s well done), but most of the time it’s dark
+ Dark atmosphere, yes, with a few jumpscares
+ I love all the short stories, except (maybe) the one in the school, at night
+ Shiraishi’s short movie is not original BUT it’s very well done
+ The short movie DOROBÔ is not impressive but… disturbing…
+ … Is it a reference to Naitô’s SENSEI WO RYÛZAN SASERU-KAI?
+ Kobashi Megumi is great, her smiles are so disturbing!
– Maybe one or two stories are less interesting than the others
– Did you expect more originality from Shiraishi Kôji?