KARATE KILL
カラテ・キル
Année : 2016
Genre : VHS (pas HS)
Pays : USA / Japon
Production : Mamezo Pictures / K.K. Tôrin
Réalisation : Mitsutake Kurando
Avec : Hayate, Asami, Kirk Geiger, Sakura Mana, Kamata Noriaki, Kitamura Akihiro, David Sakurai, Tomm Voss, Katarina Leigh Waters, Agata Toshiya, Marco Garcia-Ballare, Nishina Takashi, Nanba Kazuhiro, Aoki Tomio, Bill Posley, Asakura Yuu, Ben Dukes, Jeffrey James Lippold, Orson Chaplin, Carlee Baker, Marissa Caprielian, Katô Masaya, Cooper Bombadil, James Runcorn, Nakamura Tadahiro, Jen Yim, Amy Hoff, Brian Hanford, Haga Akihiro, Okamura Yôichi, Jennifer Mullaney, Tamaki Taishi, Lisa Zhang
Kenji est un jeune karatéka sans histoire, vivant de petits boulots et désireux de retrouver Mayumi, sa petite sœur dont il n’a plus aucune nouvelle depuis que celle-ci a décidé de quitter le Japon pour les États-Unis. Hélas, les rêves de célébrité de la jeune femme ont tourné court… Kenji s’en rendra compte lui-même une fois sur place. Il remontera en effet sa piste jusqu’à un club à hôtesses tenu par des petits loubards… avant de réaliser que Mayumi a été enlevée par un groupe de criminels bien plus dangereux, sévissant sur Internet et spécialisé dans les snuff movies. Le karaté de Kenji sera-t-il suffisant pour sauver Mayumi ? Rien n’est moins sûr… Néanmoins, on raconte que ce karaté pas tout à fait comme les autres permet à celui qui le maîtrise des mouvements insoupçonnés. Comme éviter des balles ??
J’attendais KARATE KILL de pied ferme, et ce depuis son annonce par Mitsutake Kurando. Le réalisateur japonais basé aux États-Unis m’avait en effet à tel point ébloui avec GUN WOMAN, que j’avais failli finir énucléé. Un petit budget, certes. Avec des ratés. Évidemment. Mais aussi des idées incroyables assumées jusqu’au bout. Pour moi, l’un des meilleurs films de 2014, tout simplement. C’est donc avec une louche de passion, mais aussi une pincée d’appréhension que j’ai suivi la production de son dernier bébé, KARATE KILL. Dès la publication de l’affiche, Mitsutake Kurando a annoncé la couleur : hommage vintage aux glorieux films d’exploitation d’antan. Le poster de KARATE KILL est un chef d’œuvre à lui tout seul, et il a suffi à me pousser à braver le froid de l’hiver pour me rendre dans l’un de mes cinémas préférés d’Osaka, spécialisé dans les films dont les grandes salles ne veulent pas (et elles ont bien tort). Une seule séance par jour. Le soir uniquement. Durant une semaine seulement. Bon, même dans les cinémas de quartier, les séries B de karaté n’ont pas franchement la cote ! Qu’importe. Le film est diffusé, et c’est tout ce qui compte : pas de quartiers !
Alors je vais briser le suspense comme le ferait Hayate (l’acteur principal) avec les os de ses adversaires : sèchement. J’ai beaucoup aimé KARATE KILL, mais il est tout autant habité de fulgurances que truffé de défauts. Mettons les choses au poing : le scénario, qui ne s’embarrasse d’aucune subtilité, abuse des raccourcis faciles. Et il ne s’agit pas d’un défaut, selon moi. J’y vois plutôt un clin d’œil à certains actionners édités directement en VHS dans les années 80 et qui, eux aussi, allaient droit au but sans jamais prendre le risque d’en rater le cadre avec des subtilités scénaristiques ou des intrigues parallèles. Mitsutake Kurando s’est donc fendu d’une histoire basique pour mieux s’appliquer sur l’action et sur le héros. Sur ces deux points, KARATE KILL est une véritable réussite. L’action est sèche et violente, chorégraphiée avec réalisme sans toutefois renier le gore et la fantaisie, très ponctuels certes, mais qui apportent une touche unique au film – mieux, ces instants surréalistes sont à ce point bien intégrés au reste qu’ils finissent par être perçus comme tout à fait crédibles : lorsque le héros se prépare à éviter une balle, on ne se pose pas de question. On est dedans. Comme happé par le film et ses effets euphorisants. Surtout que Hayate, l’acteur principal, est absolument formidable. Peu connu jusqu’à présent, le plus souvent cantonné à des rôles d’action/stunt director (ici il assiste Tabuchi Keiya dans cette fonction), l’intéressé pourrait bien percer dans le futur. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Mais si le spectateur se prend au jeu, s’il vibre devant les joutes de Hayate malgré la minceur de l’intrigue et la simplicité des personnages, c’est aussi parce que Mitsutake Kurando, avec l’aide du joli score de Dean Harada, est parvenu à iconiser son héros. L’histoire est crétine, les scènes s’amoncellent avec une certaine logique, certes, mais sans pour autant convaincre. Toutefois, le héros dégage quelque chose. Il a la classe. La crasse. On se surprend alors à croire à son odyssée meurtrière afin de sauver sa petite sœur, qui passe d’ailleurs son temps à se promener topless à l’écran (boobs service assuré/assumé, comme dans les plus piteuses/fameuses séries B). La scène des katas, tournée dans une simple chambre d’hôtel, en est une belle illustration : elle impressionne et fait définitivement basculer les spectateurs déjà partiellement conquis dans le camp de Hayate. Sombre héros de l’amer, désabusé/abusé mais qui, fort heureusement, possède des balls en acier trempé !
Si le personnage incarné par Hayate semble avoir été la cible de toutes les attentions, on ne peut hélas pas en dire autant du reste du casting. Asami en tête. La pauvre actrice, élevée au bon grain du V-Cinema cher à Iguchi Noboru retombe dans ses travers à la sauce série Z. Si j’avais été le premier à saluer sa prestation dans GUN WOMAN (c’était peut-être la première fois qu’elle jouait correctement la comédie), on ne peut en dire autant de son travail sur KARATE KILL. La demoiselle est complètement à l’ouest – et non, ce n’est pas seulement parce que le film a été tourné en Californie ! Sa première apparition est, à ce titre, un véritable désastre, on se demande encore comment le réalisateur a pu laisser passer ça – il en est d’ailleurs le premier responsable, l’intrusion d’Asami dans le bar texan étant ratée sur tous les plans. J’en ai même pouffé de rire, c’est dire… Pour sa défense, on pourra toujours avancer que les autres acteurs et actrices ne s’en sortent pas mieux. Oui, le plus souvent ça pique les yeux.
Si Mitsutake Kurando a parfois toutes les peines du monde à s’affranchir de son statut de réalisateur de séries B à tendance Z, la faute à une direction d’acteurs bancale mais aussi à des scènes ratées (le sang numérique n’arrangeant pas les gunfights), il réussit malgré tout à porter ponctuellement son film vers les sommets du direct-to-video à tendance vintage. Qui a parlé de blaxploitation avec des Japonais ?! KARATE KILL souffle donc le chaud et le froid. Mais le chaud est à ce point bouillant/virevoltant que le spectateur amateur de ce genre de spectacles risque fort de finir brûlé – reste à savoir à quel degré. Un indice : il ne faut pas prendre le film au premier…
Oli :
Yasuko :
Teaser trailer :
_________________________________________________
Quick Review in English:
+ From Mitsutake Kurando, director of the great GUN WOMAN
+ Once again, this is a violent movie who dares everything
+ Never afraid of beeing ridiculous (and most of the time, it is not)
+ Hayate is fabulous! He has charisma and martial skills
+ Great fights, very realistic (thanks to Tabuchi Keiya and Hayate)…
+ … with, sometimes, a gore/incredible/fantasy’s touch: and it works!
+ The director gives an incredible aura to his hero
+ Not a lot of humor, but once or twice, it’s very good
+ Blaxploitation vintage tribute to our lovely violent movies of the 80s
+ Good soundtrack
+ Once again, Mistutake did a great job despite a small budget
– A thin storyline – it’s not very important, ok
– If Hayate is great, the other actors are not
– Especially Asami – she was so good in GUN WOMAN… And now…
– … it’s like she’s back in the Iguchi Noboru’s movies
– The digital blood, during the gunfights, is awful
– Some scenes are not good at all (the ending climax in the Texan bar)
Une très bonne surprise! Le film renifle à plein nez la passion du Cinéma d’exploitation d’antan, l’époque où Sonny Chiba s’exprimait à coup de gnons. Ce n’est un énième film d’exploitation/V-Cinéma uniquement réalisé pour faire du chiffre, on sent bien que le film a été fait avec passion.
Et entre Gun Woman et celui-ci, le réalisateur développe un univers très intéressant peuplé de personnages malades, barbares. Par contre, effectivement Asami m’a fait de la peine, elle a l’air sous anxiolytique comme en burn-out. Elle qui tourne dorénavant plus que Riki Takeuchi et Show Aikawa réunis.
Salut Wuhien ! Je suis content de voir que tu as aimé le film. C’est le genre de série B qui ne prend pas ses spectateurs pour des imbéciles ou des ignares, ça fait du bien. J’étais allé voir le film en salle, il le mérite ! Et à part ça… oui… Il serait temps que le réalisateur se sépare d’Asami…