RE:BORN, Shimomura Yûji (2016)


RE:BORN
リボーン
Année : 2016
Genre : reborn to be wild
Production : U’Den Flame Works
Réalisation : Shimomura Yûji
Avec : Sakaguchi Tak, Konda Yura, Saitô Takumi, Shinoda Mariko, Ôtsuka Akio, Fujimoto Takuya, Hasebe Hitomi, Inagawa Yoshitaka, Ishida Issei, Izawa Saori, Katô Masaya, Mimoto Masanori, Kenta, Kosaku Manami, Mochizuki Orson, Takeda Rina, Nishihira Misato, Okamoto Yûsuke, Sakaguchi Makoto, Tôda Saki, Watanabe Kana, Yamada Ririka, Yashiki Hiroko


Toshiro est un homme au passé particulièrement flou, dont les seules réminiscences semblent être les nombreuses cicatrices qui parsèment son corps, et ces rêves violents qui peuplent ses nuits. Il vit seul dans une petite bourgade, avec sa nièce. Il essaie aussi de prendre soin de l’un de ses anciens camarades, gravement handicapé après être tombé au combat. Doté de capacités qui dépassent l’entendement, Toshiro est régulièrement harcelé par des assassins. Pour quelle obscure raison ?

Le titre du film de Shimomura Yûji, RE:BORN, est-il à prendre au pied de la lettre ? L’intéressé et son acteur principal, Sakaguchi Tak, tous deux nés en l’an 2000 aux yeux du septième art avec VERSUS, n’ont ainsi jamais vraiment atteint les sommets du genre. Certes, ils vivent sans doute correctement de leur travail, Shimomura Yûji alternant les postes d’action director sur pas mal de séries B (voire plus si affinités) et de jeux vidéo à succès, tandis que Tak cumule pas mal de rôles à droite et à gauche et quelques piges chez Sono Shion en tant qu’action director. Mais rien qui ne leur permettrait d’accéder enfin à la lumière. De sortir de l’ombre. Tout le contraire d’un Kitamura Ryûhei qui, malgré une carrière en dents de scie, est parvenu à se faire un nom dans le monde entier. Shimomura Yûji et Sakaguchi Tak vont-ils donc renaître aux yeux de l’industrie du cinéma de premier plan, 16 ans après avoir maladroitement coupé le cordon ombilical de VERSUS ? RE:BORN… allégorie – alléluia ?

Eh bien pas vraiment. Attention : j’ai apprécié RE:BORN, mais il peine à s’extirper du carcan de la bonne petite série B, avec ses défauts et ses qualités. Un spectateur étranger à ce genre de choses devrait donc avoir du mal à adhérer – là où un BUSHIDO MAN mérite lui d’être mille fois adulé. C’est d’autant plus dommage qu’avec son film, Shimomura Yûji avait mis toutes les chances de son côté. Déjà le bonhomme n’est pas manchot, il a déjà prouvé par le passé qu’il savait monter les scènes d’action, et ce même lorsque le budget était serré (NINJA par exemple, en 2010). Ensuite, Sakaguchi Tak l’a assisté aux chorégraphies, et le bougre est toujours impressionnant à l’écran malgré sa quarantaine bien tassée : l’action est rapide, sèche, violente, on a l’impression que les coups sont portés et le tout est nerveusement monté – très peu de ralentis à l’écran. On note également qu’un troisième larron s’est attelé aux scènes d’action : Inagawa Yoshitaka, instructeur dans une école spécialisée dans le close-combat ou encore dans le désarmement. Une ancienne idole d’AKB48 est aussi présente au casting – n’ayez pas peur, sa scène est bonne – disons même excellente (encore plus osé que le combat dans un ascenseur : le combat dans une cabine téléphonique !). Mieux, on aperçoit quelques visages connus et respectés du cinéma d’action japonais, comme Mimoto Masanori, hélas un peu sous-exploité – mais moins que Takeda Rina, qui elle se contentera de faire la voix-off ! Enfin, c’est lorsque l’on se penche sur les crédits du film que l’on prend connaissance de la présence de Kawai Kenji aux musiques, de Nishimura Yoshihiro aux effets spéciaux sanguinolents (discrets mais efficaces) et d’un certain… Sono Shion dans un rôle plutôt vague – il aurait aidé à la réalisation du projet. Mais dans quelles proportions ?

Bref, avec tout ce beau monde, il y avait de quoi être confiant. Hélas dès la première scène, on a le sentiment que l’on se trouve devant une petite série B qui ne pourra pas se sublimer. Action dans un hangar sombre, assassinats furtifs (j’espère que vous avez faim car vous allez en manger une bonne plâtrée) et très peu d’imagination. Le film change alors de ton. Et de lieu. Instants plus calmes, plus doux. Oui, c’est mieux. Le réalisateur a l’intelligence d’entretenir un certain mystère autour de ses personnages, un certain flou autour des enjeux. Et ça marche ! On suit l’intrigue avec intérêt, même si certains acteurs ne sont pas particulièrement doués pour la comédie, et c’est le moment que RE:BORN choisit pour nous frapper en plein visage, sans prévenir : la première vraie scène d’action dans un lieu public surpeuplé est une véritable pépite du genre. Originale, rapide, violente et surprenante – même les passants n’ont rien vu venir ! Génial.


Ci-dessus : la ligne est coupée

Shimomura Yûji et Sakaguchi Tak arrivent à nous embarquer dans cette bien étrange histoire de vengeance, nimbée de surréalisme : le personnage principal est capable d’esquiver les balles ! Et c’est un tour de force de la part des techniciens ayant œuvré sur RE:BORN, car pour peu que vous ayez un minimum d’imagination, vous y croirez, à tous ces combats improbables, à tous ces instants où les ennemis lâcheront leurs flingues, trop lents pour toucher Toshiro, pour privilégier le corps à corps à l’arme blanche ! RE:BORN parvient donc ponctuellement à hisser son niveau pour titiller les meilleurs – hélas, c’est souvent pour mieux retomber dans les affres de la simple série B. Tout d’abord, les postures martiales de Toshiro ont du mal à passer à l’écran. J’ai cru, tout d’abord, qu’elles s’inspiraient de la technique du Drunken Monkey – mais en fait, pas du tout. Il s’agit d’un style développé et enseigné dans l’école de l’instructeur Inagawa Yoshitaka (Zerorange Combat Gun Disarm & Wave Action). Je ne doute pas de l’efficacité de la chose dans le cas d’une véritable altercation. Hélas à l’écran, ce n’est pas très « cinégénique ». Ensuite, tout n’est pas rose dans le vert de la forêt hébergeant le quartier général des méchants – les soldats sont vraiment faibles, c’est un fait. Et Toshiro est trop fort, ça aussi on l’avait compris. Mais quand même ! Les soldats en question paraissent tout droit sortis d’un mauvais jeu vidéo d’infiltration, où il suffit de marcher nonchalamment derrière eux pour les surprendre sans jamais qu’ils ne puissent réagir. Parlons-nous d’unités d’élite ou de simples joueurs d’airsoft avec des œillères ?

Par conséquent, RE:BORN souffle le chaud et le froid. Inconsciemment, j’en attendais sans doute trop. Pour l’apprécier, je pense qu’il convient donc de le prendre pour ce qu’il est : une bonne petite série B d’action, ponctuée de quelques moments orgasmiques, et d’autres moins léchés voire peu crédibles, et hélas redondants.

Oli :        
Yasuko :

Trailer :

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Quick Review in English:

+ The VERSUS team is back
+ I like Shimomura Yûji’s works as an action director (NINJA, for instance)
+ Powerful action scenes, quick, violent, very few slow motions
+ Tak is still very powerful as an action actor on screen
+ Good team, here: Shimomura+Tak+Kawai+Takada Rina+Nishimura+ …
+ Sono Shion?!? Apparently, he helped the project at the beginning
+ At first, the story, very mysterious, is really interesting
+ What a fabulous scene, when Tak is attacked for the first time!
+ Yes, he can dodge bullets! And it’s not ridiculous at all!
+ Great climax in the phone booth – yes, in an elevator it’s too easy!
+ The fighting techniques are inspired by « Wave Action »
+ It’s a real martial style, and one master played in the movie
+ Interesting to see such a strange fighting technique but…

– … it doesn’t necessary look great on screen
– Some scenes are not very good (the first one)…
– … or they are too long, or too repetitive (in the woods)
– You can see the lake of a good budget many times
– The evil soldiers are really too stupid
– They almost look like stupid AI in a bad stealth video game

A propos Oli

Amateur de cinéma japonais mais de cinéma avant tout, de Robert Aldrich en passant par Hitchcock, Tsukamoto, Eastwood, Sam Firstenberg, Misumi, Ozu, Kubrick, Oshii Mamoru, Sergio Leone ou encore Ringo Lam. Weird cinema made in Japan : échec et (ciné)mat. オリ です, 日本映画専門のブログです https://echecetcinemat.wordpress.com/ Blog dédié aux jeux vidéo, en particulier rétro : Jeux vidéo et des bas https://jeux.dokokade.net/ 
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2 commentaires pour RE:BORN, Shimomura Yûji (2016)

  1. Postscriptom dit :

    Salut Oli, j’espère que ça va bien, avec du retard un petit commentaire sur Re-Born que j’ai vraiment bien aimé, un art martial original à l’écran, une mise en scène excellente (à part l’intro basique effectivement), perso j’ai beaucoup aimé le passage dans les bois ça aurait pu durer encore plus, ah, ah (le fille qui combat à un moment est excellente), je crois que le réal’ a fait les cinématiques de Bayonetta c’est dire s’il est bon, et même en live, bref une très bonne surprise à laquelle j’aurais mis un bon petit 3, mais c’est probablement mon côté « martial arts » qui parle (vu aussi le dernier Yuen Woo Ping, Ip-Man Legacy, spin-off de Ip Man 3 qui est sympa aussi pour les nostalgiques de la grande époque)… @+

    • Oli dit :

      Oh, salut Post’ ! Heureux d’avoir de tes nouvelles et de te voir passer dans le coin ! J’espère que tout va bien ! RE:BORN est très sympa en effet. Il aurait pu mériter son petit « trois sur quatre ». Une série B pétrie de bonnes intentions et de membres meurtris. Un peu bancale quand même, mais c’est aussi ce qui fait son charme.

      J’ai bien aimé la série IP MAN avec Donnie – oui, même celui avec Tyson. 🙂 Je tenterai le spin-off très bientôt alors, je ne savais même pas qu’il était sorti.

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